3ème banque de la place, l’Amen Bank poursuit son ascension
04/06/2015
L’Amen Bank a tenu, mercredi 3 juin 2015 son Assemblée générale ordinaire pour l’exercice 2014, sous la présidence du président du Directoire Ahmed El Karm et celui du président du Conseil de surveillance Rachid Ben Yedder. Une assemblée qui s’est tenue, globalement, dans une bonne ambiance mais qui a été marqué par le mécontentement de certains actionnaires au sujet du siège du représentant des petits porteurs au conseil.
L’Amen Bank est la 3ème banque de la place avec une part de marché de 13%. Elle a enregistré, pour l’exercice 2014, une amélioration de son Produit Net Bancaire (PNB) de 1,3%, passant de 510,708 à 586,95 millions de dinars (MD) grâce à des dépôts en progression de 11,5%, situés à 5.534,66 MD et des crédits octroyés à la clientèle qui ont augmenté de 11,5%, atteignant 6.116,03 MD. Le coefficient d’exploitation a été réduit de presque 3 points en 2014 à 36,3%.
On notera cependant que les charges d’exploitation bancaire ont augmenté de 28%, passant de 261,2 MD à 334,3 MD entre 2013 et 2014.
Côté ratios de gestion et de rentabilité, la banque termine son exercice avec des niveaux satisfaisants : de 16,3% pour le ROAE (rentabilité des fonds propres), de 12,3% pour le taux de créances classées et de 69,7% pour le taux de couverture des CDL (créances douteuses litigieuses). Malgré ces performances, le résultat net a baissé de 10,7% pour se situer à 89,2 MD.
La banque a aussi étendu son réseau avec l’implantation de 10 nouvelles agences, portant leur nombre global à 151 agences.
L’Amen Bank propose, ainsi, à ces actionnaires un dividende de 1 dinar par action (20% du nominal des actions), mis en paiement à partir du 15 juin 2015.
Plusieurs actionnaires, notamment le célèbre Mustapha Chouaïeb, et le président de l’Association des actionnaires minoritaires “ADAM” Khaled Ahres, ont réclamé de permettre aux petits porteurs de choisir un administrateur qui les représente au conseil d’administration. M. Chouaïeb a reproché à Ridha Ben Gaied, l’actuel représentant des petits porteurs au conseil, son manque de communication et de réunion avec ceux qui est censé représenter. Un sentiment partagé par Moncef Oughlani qui affirme qu’ils n’ont jamais été contactés par leur représentant.
Pour sa part, M. Ahres a martelé que son association est pour une démocratie actionnariale, réclamant l’amendement de la circulaire de la banque centrale qui n’est pas claire et le droit d’élire le représentant des petits porteurs.
Mustapha Chouaïeb s’est également interrogé sur certaines filiales du groupe. Commentant la situation du pays, il a estimé que les Tunisiens devraient être envoyés en stage en Chine, et ne plus revenir qu’en ayant un certificat attestant qu’ils comprennent la valeur du travail.
Moncef Oughlani, bien que saluant le fait que ses remarques de l’année précédente ont été prises en considération dans les bonnes performances de la banque, a noté que les frais du personnel ont augmenté de 10,9% : «Tout a augmenté, sauf le dividende !», a-t-il affirmé estimant que le petit porteur n’est pas pris en considération. «Pensez à nous lors de vos augmentations, surtout avec la hausse du pouvoir d’achat !», a-t-il scandé. Il a noté, également, que les petits porteurs ne sont jamais invités aux événements organisés par la banque. Pour lui, il faut changer les mentalités et il est évident qu’avec ces lois la bourse va s’éteindre car elles ne sont pas en concordance avec les attentes des petits porteurs.
Un analyste s’est interrogé sur la composition du PNB et s’est demandé, si cela révéle une modification de la stratégie de la banque, d’où le changement de l’intérêt dans le PNB.
En réponse à ces interrogations, Ahmed El Karm a précisé à l’intention de Mustapha Chouaïb que Amen Finance Company est une société de conseil récemment créée (une année) pour assister l’Amen Capital et apportant une source de revenu supplémentaire au groupe. Il précisé que la Clinique El Amen Bizerte est en cours de construction, donc ne pouvant pas encore générer de revenus. Concernant la SICAR Amen, il a précisé que cette entité a été créée avec le groupe Poulina pour l’accompagner, qui finance d’autres activités et qui fait de très bon résultats.
M. Karm a tenu à souligner que le petit porteur revêt une «très grande importance», même si cela ne se ressent pas. Il a promis de s’occuper d’avantage d’eux, en les associant et en les informant. Il a précisé que dans le site web de la banque, un espace leur a été dédié pour les informer. Il s’est engagé à tenir une réunion après ramadan pour leur expliquer la stratégie de la banque.
Le président du directoire a affirmé que le président du Conseil de surveillance insiste sur la nécessité d’ouvrir davantage le capital aux petits porteurs. S’agissant de la hausse des salaires, il a indiqué que la banque n’a fait que s’aligner aux ajustements faits par l’Etat outre les promotions habituelles et qu’il n’a pas eu de mesures particulières, en réponse à Moncef Oughlani.
S’adressant à l’analyste, il a précisé que la marge d’intérêt a baissé pour respecter le ratio de liquidité imposé par la Banque centrale. En outre, il a expliqué qu’il est difficile d’augmenter la marge d’intérêt à cause de la situation du pays, avec un provisionnement important et une concurrence agressive. Ceci dit, la banque cherche d’autres sources de revenu assez originales.
A cette occasion, Ahmed El Karm a annoncé la nomination de Karim Ben Yedder au poste de DG de la banque. Autre point abordé, il a indiqué que l’année 2014 est une année exceptionnelle et que les pressions de liquidité ne se poseront plus dorénavant vu que la BCT a abandonné ce ratio et donc de ce fait le PNB va augmenter automatiquement.
Pour sa part, Rachid Ben Yedder a affirmé que la formule choisie par l’Amen Bank (Directoire+Conseil de surveillance) n’est pas courante en Tunisie mais elle a fait ses preuves dans d’autres pays performants : ne pas se remettre à une seule personne (le PDG) pour éviter la pression sur un seul décideur. «Je vous garantis que le résultat est là et qu’aucun ne prend des décisions sans informer les autres, étant donné que tous sont responsables légalement de toute décision», a-t-il certifié.
Second point abordé par le président du Conseil de surveillance, il a avoué que la banque a un problème de flottant, ce qui se reflète sur le cours de l’action (diminution du cours 15,9% entre le début et la fin de 2014, passant de 31,150 dinars à 26,190 dinars). D’où son insistance pour l’augmentation et l’élargissement de l’actionnariat et le nombre de petits porteurs. Ceci permettra d’assurer une meilleure stabilité dans les fonds propres et dans l’actionnariat.
M. Ben Yedder a exprimé sa satisfaction par rapport aux résultats enregistrés. La banque est plus solide, avec des fondamentaux améliorés, des provisions renforcés et une qualité managériale renforcée. «Des résultats très satisfaisants mais qu’on peut améliorer, notamment par l’incorporation de capitaux et la distribution d’actions gratuites», a-t-il souligné.
Interpelé par un actionnaire sur le fait que la banque est en retard par rapport à ses concurrents sur le réseau et que l’augmentation des agences permettra l’augmentation des revenus de la banque, le président du Conseil de surveillance a souligné que ce qui est important c’est la qualité et non la quantité. Pour sa part, Ahmed Karm a expliqué que la banque a besoin de présence territoriale et que chaque année, elle ouvre 10 à 12 nouvelles agences. Mais avec le développement des nouvelles technologies, la banque mise sur de nouveaux canaux, notamment la création de la banque virtuelle qui sera annoncée prochainement.
On notera l’anecdote qu’un actionnaire a voté contre une résolution qui prévoit de dispenser les actionnaires de retenue à la source par prélèvement sur les résultats reportés provenant des bénéfices des exercices antérieures à 2014. C’est là que Ahmed Karm lui a dit : «vous êtes pour, vous êtes pour», étant donné que la disposition et dans l’intérêt des actionnaires, sous les éclats de rire de toute la salle.
Durant l’année 2014, l’Amen Bank a poursuivi sa démarche d’optimisation et de mise en place de nouveaux logiciels, de nouvelles infrastructures matérielles et de nouvelles technologies permettant une meilleure couverture fonctionnelle, une plus grande maîtrise des risques et un renforcement de son image en tant qu’institution à la pointe des technologies.
En outre, un nouveau plan stratégique a été mis en place à fin 2014 pour la période 2015-2018. Ce plan prévoit l’augmentation des dépôts en moyenne de 12% par an, le lancement d’emprunts obligataires de 50 MD par an et la progression des ressources spéciales de 4 % en moyenne annuelle, l’augmentation des crédits à la clientèle à un rythme annuel de 11%, l’évolution du portefeuille titres commercial en de 11% moyenne, l’augmentation de 9.5% en moyenne du portefeuille titres d’investissement, un rendement des crédits d’environ 7,6%, un coût des ressources de 4,4%, l’augmentation de 10% par an des commissions reçues et un taux de distribution des dividendes, en moyenne, de 20% par an.
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