Christine Lagarde : C’est le moment de l’action dans les réformes économiques en Tunisie
10/09/2015
La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a accordé, ce jeudi 10 septembre 2015, une interview à Wassim Ben Larbi dans son émission Expresso sur Express Fm, dans laquelle elle a fait le bilan de sa visite en Tunisie.
«Je reviens pour la deuxième fois en Tunisie depuis je suis DG du FMI. Je suis très impressionnée par le chemin parcouru et, en même temps, je suis venue donner tous les encouragements du Fonds monétaire et les miens pour continuer à avancer et accélérer la marche en avant sur le plan économique», a déclaré Mme Lagarde. Elle a ajouté : «Je suis très impressionnée parce que cette transition et stabilisation politique vers un régime démocratique a été un vrai succès. Ça a pris un peu plus longtemps que prévu initialement, mais avoir une constitution de la qualité de la Constitution tunisienne et avoir des élections qui se sont déroulées comme elles se sont déroulées sans réclamations, dans le respect des principes démocratiques. C’est un exploit extraordinaire».
«Le 2ème message que je suis venue délivrer c’est qu’il faut passer de cette réussite politique, cette transition à la démocratie qu’il faut préserver, à des réformes économiques en profondeur qui doivent se poursuivre afin d’améliorer la croissance économique, vers une croissance qui soit à la fois inclusive et créatrice d’emplois pour répondre aux aspirations de la population», a-t-elle expliqué.
Interrogée sur le soutien financier du fonds à la Tunisie, Christine Lagarde a précisé que le FMI a mobilisé au début du programme un financement de 1,7 milliard de dollars pour la Tunisie. Au fur et à mesure des revues successives, ces fonds ont été libérés tranche par tranche, parce que le programme se réalise et que la discipline dans la gestion des finances publiques a été restaurée.
«Nous sommes attentifs à ces questions là. Nous sommes particulièrement sensibles au fait que des réformes de fond ont été déjà engagées : la réforme du secteur bancaire avec sa recapitalisation, la réforme du droit de concurrence et des prix, les travaux qui sont en cours et qui doivent déboucher sur les partenariats publics-privés, la réforme de la fiscalité, …», a-t-elle indiqué, en soulignant qu’elle est venue dire que «c’est le moment de l’action. Il ne faut surtout pas relâcher l’effort parce que les résultats seront au bout de la route mais il faut continuer».
Concernant l’impact du terrorisme sur la Tunisie, Mme Lagarde a affirmé qu’il sera déterminé plus tard, mais qu’aujourd’hui, on peut dire que l’activité touristique a été affectée et qu’elle le sera probablement en termes d’emplois dans les mois qui viennent.
«Si on considère l’activité purement touristique en résultat direct et emplois directs, c’est à peu près 7% du PIB et 400.000 emplois, et qu’on a une baisse de l’ordre de 50% sur l’année 2015. Ça donne une idée des conséquences directes. Maintenant, il y a toute une série d’effets indirects puisque le secteur alimente aussi d’autres secteurs dans le domaine des transports, des services et de l’artisanat. Donc, il y aura un impact évident. On doit tous espérer qu’il soit de courte durée», a-t-elle analysé.
Et d’affirmer «Je crois que les efforts qui sont engagés sur le plan économique aujourd’hui pour donner un message de confiance, de stabilité macroéconomique, de stabilité de financement sont très importants pour que les investisseurs, les touristes, les consommateurs n’aient plus en tête ces images là, mais celles d’un pays qui est engagé vers l’avenir pour restaurer stabilité économique et sécuritaire».
Concernant la croissance en Tunisie, la DG du FMI a indiqué que l’organisation a prévu une croissance qui tourne autour de 1%. «Dans des circonstances très difficiles et malgré une transition politique très importante, la Tunisie a réalisé l’exploit en 2013 et 2014 de faire une croissance de l’ordre de 2,5%. Cette année en raison des événements et de l’environnement international (la demande adressée à la Tunisie a baissé parce que la croissance économique était faible), on a prévu un petit 1%», a-t-elle noté.
Elle a expliqué que le FMI insiste sur trois axes ; que le budget 2016 soit orienté vers la croissance (avec un accent mis sur les dépenses d’investissement plus que sur les dépenses d’entretien et opérationnelles), un renforcement et un assainissement du secteur bancaire et un environnement des affaires qui soit propice aux acteurs économiques (où il n’y a pas de procédures trop longues, de la bureaucratie à l’extrême et sans perte de temps).
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