Chronique d’une crise annoncée et durable (Suite 1)
03/07/2015
Deux taches, sanglantes et meurtrières, ont frappé les touristes étrangers en Tunisie, le Bardo et El Kantaoui, 59 morts. Plus que le tourisme, déjà bien bas, c’est la Tunisie qui est touchée. Aussi, face à cette situation exceptionnelle, des mesures exceptionnelles ont été annoncées. Normal, mais gouverner c’est prévoir et donc c’est se poser des questions quant à la sécurité touristique et à la situation de l’hôtellerie et également y répondre.
• Au niveau de la sécurité : Le ministre de l’Intérieur a affirmé que l’attaque aurait pu être évitée. En effet, depuis le Bardo et les nombreuses réunions qui ont eu lieu entre les ministères de l’Intérieur, du Tourisme et les organisations professionnelles, aucune décision n’a été mise en place, comme toujours quand la gouvernance fait défaut. Il aurait été important que par leur présence, les responsables du tourisme montrent leur intérêt quant à la sécurité des visiteurs. Les regards croisés sont toujours utiles pour analyser les situations et rappeler qu’il y a 2 ans, la première tentative d’acte de terrorisme était venue par la plage ! Depuis, rien n’a été fait pour préserver cet espace fréquenté par les touristes. Il aurait été par exemple possible de constituer des brigades armées de police montée, pour sécuriser les plages. Il n’est jamais trop tard et à partir du 1 juillet 2015, les unités de la police touristique seront armées et opérationnelles à l’intérieur et à l’extérieur des zones et des unités touristiques. Est-ce la réalité ? On peut en douter d’après les déclarations du ministre de l’Intérieur.
Le ministre de l’Intérieur a également exhorté les professionnels du secteur à s’impliquer davantage dans la sécurisation de leurs hôtels afin d’épauler l’effort que mène l’État. En effet, à l’intérieur de « L’Impérial Marhaba», pourtant équipé de caméras et d’écrans de surveillance, les failles se sont révélées importantes ; elles montrent à quel point la formation est essentielle et ce, dans tous les domaines et en particulier dans celui de la sécurité.
• Au niveau de l’hôtellerie : Jamais, même à l’époque de Ben Ali et de Belhassen Trabelsi, l’hôtellerie n’avait bénéficié de tant de largesses. Après la campagne électorale, est-ce un renvoi d’ascenseur ? Prévoyant les commentaires, les hôteliers, dont aucune contrepartie n’est demandée, ont appelé à l’unité ! Par contre, aucune mesure pour la relance du tourisme n’a été prise ; il est toujours bon de le rappeler, l’hôtellerie n’est pas le tourisme, même si c’est une composante, au même titre que le transport, fondamentale. Et aucune des mesures annoncées par madame la ministre ne résoudra les problèmes rencontrés par nos hôteliers et n’est efficace en termes de remplissage des hôtels.
Il est temps de prendre des mesures pour favoriser le tourisme algérien et surtout pour développer le marché tunisien ; le président de la FTAV semble avoir pris la mesure des défis, mais il est bien le seul.
Face à une situation exceptionnelle, il aurait fallu une réflexion exceptionnelle et c’est loin d’être le cas ; mais comme il est dit, « le pire n’est pas derrière nous », aussi gardons-nous bien de demander le remplacement de la ministre, elle est d’une efficacité hôtelière admirable, d’une inanité touristique remarquable et excelle dans la posture. Pourtant, pour faire simple, pratique et faire face à l’endettement des hôteliers, à leurs problèmes fiscaux, sociaux et de fournisseurs, un professionnel du tourisme aurait pu être nommé comme Secrétaire d’état au Tourisme rattaché au ministère des Finances.
* Ancien directeur de la Qualité à l’Office National du Tourisme tunisien
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