Economie tunisienne… Le point mort
20/08/2013
La dégradation de la note de la Tunisie avec des perspectives négatives constitue un autre coup dur pour le pays. Cependant, elle n’est une surprise pour personne sauf pour ceux dont c’est le métier de l’éviter.
L’actuelle équipe à la tête du pays autant que celle du gouvernement précédent de Hamadi Jebali sont longtemps restées dans le déni de la dégradation qui relègue le pays dans la catégorie des “emprunteurs spéculatifs“ et du marasme qui plombe l’économie tunisienne.
Pire encore, ils se sont relayés, des mois durant -présidence de la République à leur tête-, à accuser les agences de notation des pires maux partant de la mauvaise influence, en passant par les accusations à jouer le jeu des contre-révolutionnaires et niant bien entendu leur impact.
Le ministre des Finances de la Troïka au pouvoir, Elyes Fakhfakh, s’est enfin décidé à avouer que l’instant est grave mais se retient bien de démissionner, comme Houcine Dimassi, son prédécesseur, qui tirait les sonnettes d’alarme les unes derrières les autres depuis mai 2012. Idem pour Ridha Saïdi, ministre chargé des Dossiers économiques et sociaux auprès du chef du gouvernement, et pour Ali Larayedh, chef du gouvernement, qui se targuait durant ses dernières décélérations que tout allait bien dans le meilleur des mondes…
Dos au mur et face à la dernière dégradation, de deux crans «BB-» à «B», ils ont encore du mal à avouer l’échec. Peu importe, les agences de notation ne leur laissent guère le choix. Ils le font à leur place.
De fait, l’économie tunisienne plonge. Embourbée dans l’idéologie et la démagogie qui l’accompagnent, elle n’a jamais été au centre des urgences des dirigeants ; et la facture ne se fait pas attendre.
Quand on ne fait pas les réformes qu’il faut et n’affronte pas avec pragmatisme et efficacité les problèmes, ils finissent par vous revenir sur la gueule en beaucoup plus lourd. Ils dévoilent non seulement l’amateurisme mais mettent à nu un manque flagrant de visions et de solutions pour l’avenir.
La Tunisie est en manque de vrais leaders
Passé le cap de l’embarras, la Troïka au pouvoir et à sa tête le parti Ennahdha tentent à peine de minimiser l’importance de cette dégradation du pays en affirmant que les fondamentaux de l’économie tunisienne tiennent le coup. Ils jouent leur va-tout; plomber ce qu’il en reste pour acculer l’ensemble du leadership politico-économique du pays à assumer avec eux la facture de leur échec. Faisant la politique de l’autruche, ils feignent de nier la gravité de la situation et jouent leurs dernières cartes.
Car à l’arrivée, c’est l’actuel pouvoir et les futures élections avec ces ballets de rapprochements et pressions tactiques et stratégiques qui se jouent.
En réalité, ils sont bien trop obtus et fiers pour décoder le seul vrai important message de S&P. Pourtant, celui-ci est clair et sans équivoque. La Tunisie est en manque de vrais leaders.
La Tunisie et ses leaders parlent-ils le même langage? Ont-ils la même perception de la réalité et des urgences ?
Pouvoir et opposition avancent sur une corde raide, celle d’un pays plombé par un million de chômeurs, un tourisme qui se meurt, une paupérisation généralisée et un Etat de pré-faillite inéluctable… A moins que l’on ne prenne les taureaux par les cornes et mettent à contribution tout ce que ce pays a de compétences et d’expérience pour dépasser le chaos.
Or, pour cela, il faut de la volonté, certes! Une réelle volonté politique mais aussi un sens des responsabilités, une volonté de construction, un projet sociétal, des valeurs communes…
Et c’est précisément là que se trouve le début d’une spirale infernale. Comment bâtir ensemble une chose et son contraire? C’est tout l’enjeu de cette phase de transition. Elle mènera vers la démocratie et la prospérité ou le chaos. Nous n’en sommes plus aux bricolages, aux concepts creux, aux mots vides de sens. L’instant ne cesse d’être historique. Il est vital pour 11 millions de Tunisiens.
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