Euromed : La croisade pro-colocalisation d’EMCC (2/2)

10/11/2014

Parce que «le chacun pour soi et les recettes classiques sont (…) inopérantes», Xavier Beulin, également président du conseil de surveillance d’IPEMED et de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles, est convaincu que la colocalisation est d’une absolue nécessité pour les pays du Nord et du Sud de la Méditerranée. Elle est, selon lui, susceptible d’aider des deux blocs à surmonter les «urgences» et de faire face aux «défis communs». Dont bien évidemment le chômage qui, en juin 2014, affectait 10,2% de la population de l’Union européenne et 20 à 25% de celles de certains pays arabes méditerranéens.

Deux pays ont pratiqué une certaine forme de coproduction pour leur propre bien et celui de leurs voisins : le Japon et l’Allemagne. Le Japon y a eu recours dans les années 50 et l’Allemagne après la chute du mur de Berlin. Deux expériences qui démontrent, selon Xavier Beulin, «qu’un autre modèle que celui du libre-échange est possible entre pays développés et pays émergents voisins : celui de la coproduction, facteur de développement économique et de stabilisation politique».

Pour les dirigeants d’IPEMED et, partant, de l’EMCC, «il est temps que les pays européens facilitent l’intégration économique de ces pays à l’Europe par la production». Et les pays du Sud ne sont pas les seuls à gagner d’un tel arrimage économique à l’Europe. Celle-ci y trouvera l’occasion et les moyens d’éviter de sombrer «dans un déclin économique prolongé» et, en regardant «l’espace euro-méditerranéen comme l’espace pertinent, support des leviers de croissance pour l’Europe tout au long du XXIe siècle», la possibilité d’«engager la 3e révolution industrielle résultant du couplage des énergies renouvelables et de

L’informatisation».

Les participants au Forum de Sousse seront invités à réfléchir sur les moyens de mettre en œuvre la coproduction/colocalisation définie comme «un partenariat productif entre pays à niveau de développement inégal par lequel le pays donneur d’ordre fabrique des composants intermédiaires industriels à forte valeur ajoutée par une main-d’œuvre qualifiée, mais moins onéreuse, dans le pays avec un niveau de développement moindre» et cela sur la base d’un «partage de la chaîne des valeurs».

Les responsables d’EMCC suggèrent de faire des clusters les vecteurs de cette coproduction. Ces «espaces dédiés aux entreprises et à l’emploi» seraient des lieux de «coopération et de mutualisation » ouverts tant aux multinationales qu’aux petites et moyennes entreprises.
Clusters du Nord –déjà installés et opérationnels, comme en France, avec France Clusters- et du Sud –encore en phase d’émergence au Maroc et, surtout, en Tunisie- sont invités à se réunir en réseau pour initier cette coopération qui pourrait débuter avec le partage d’expériences pour déboucher ensuite sur la forme la plus élaborée –et souhaitée-, à savoir la coproduction.

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