Faut-il voir grand ?
20/11/2014
Le premier obstacle au développement du marché financier réside en l’ancrage des entreprises tunisiennes dans la dimension familiale
L’objectif de 300 entreprises sur la cote est-il trop ambitieux ? Bien que le nombre élevé des entreprises cotées en Bourse ne soit pas toujours un bon indicateur, un nombre limité témoigne toujours d’une situation biaisée.
En Tunisie, les entreprises évitent la caisse noire où on peut tout perdre. Ce réflexe a fait que le financement de proximité, par le biais des crédits bancaires, est devenu un réflexe pour la majorité des entreprises.
Ce comportement généralisé s’est traduit par un déséquilibre financier des entreprises, devenues surendettées. Ainsi peu compétitives et peu solvables, les créances classées, afférentes de ces entreprises, ont fragilisé les banques. Coup sur coup, le tissu des entreprises et le système bancaire risquent de s’écrouler.
Pourtant, les composantes du marché financier sont dotées de structures conformes aux standards internationaux. De la Bourse, dont le système de cotation et son système de parquet sont des plus performants, au dépositaire central, la Sticodevam, qui assure le dénouement des opérations dans les meilleures conditions, en passant par les Intermédiaires en Bourse, tous les préalables semblent réunis pour que le marché fonctionne à plein régime.
En effet, le marché financier, plus large que le système bancaire, et notamment la Bourse, se présente comme une source de financement incontournable et peu coûteuse pour les entreprises qui se développent. Evidemment, la réalisation de gros projets et de grosses ambitions est tributaire de la mobilisation des fonds nécessaires. Ces besoins financiers dépassent largement la capacité des propriétaires, fondateurs d’entreprises. Il convient de rappeler que les fondateurs des grandes multinationales ne détiennent qu’une part minime, ne dépassant pas 10% du capital social. Chez nous, l’activité du marché financier n’est pas en mesure de refléter la situation économique du pays, vu la faible participation de la Bourse dans l’activité économique du pays. Car le marché compte moins d’une centaine d’entreprises cotées, dont près de la moitié des institutions financières
. Ainsi, les investisseurs n’ont pas beaucoup de possibilités pour constituer un portefeuille aussi diversifié que rentable. En effet, peu d’entreprises font des appels publics à l’épargne, malgré les quelques introductions en Bourse ces deux dernières années.
Petits porteurs et épargnants…
Le premier obstacle au développement du marché financier réside en l’ancrage des entreprises dans la dimension familiale.
Le deuxième obstacle concerne les épargnants, parmi lesquels il distingue deux types, les institutionnels et les petits épargnants. Pour les premiers, le système actuel des caisses sociales, avec l’évolution de la pyramide des âges, serait contraint de faire fructifier ses fonds sur le marché financier. Mais, jusque-là, les fonds des caisses de retraite n’ont pas encore alimenté le marché. Pour les petits épargnants, la question qui se pose est de savoir si le Tunisien dispose d’une épargne suffisante à orienter vers le marché financier. Plus généralement, ces petits porteurs ou épargnants ciblent des gains à très court terme, voire quotidiens, et non des placements à long terme, bénéfiques à l’entreprise.
Pour le marché alternatif, les procédures compliquées sont de nature à alourdir la charge des entreprises. Ce qui explique, en large partie, la réticence des promoteurs à ce marché.
Lapresse.tn