Habib Essid : Fort de par ses institutions, l’Etat ne s’effondrera pas
07/07/2015
Le chef du gouvernement, Habib Essid, a accordé, aujourd’hui mardi 7 juillet 2015 au Palais de La Kasbah, une interview de près de 40 minutes. Il s’agit d’une interview combinée à trois médias, en l’occurrence la chaîne de télévision, Al Wataniya 1, la chaîne TV privée, Al Hiwar Ettounsi, et la radio Mosaïque Fm. Les trois chaînes étaient représentées par nos confrères, Saïd Khezami, Mohamed Boughalleb et Boubaker Ben Akacha.
L’impression qui prévaut après avoir vu et entendu cet entretien est que M. Essid était bien préparé à cette rencontre et était déterminé à ne rien dire de concret ou, plutôt, rien de nouveau par rapport à ce qu’on savait déjà.
Ainsi, il a répondu à certaines questions quand cela ne posait aucun embarras, mais il a éludé bon nombre d’autres lorsque les questions étaient trop directes ou gênantes. C’est dans ce sens qu’il avait des réponses bateau à plusieurs questions, pourtant bien différentes les unes des autres, et ce en répétant la formule magique : « tout est possible… tout peut arriver… rien ni aucune hypothèse n’est à écarter », répétait-il à tout bout de champ.
Il s’agit là du fait remarquable à retenir de cette interview qui a démarré par plusieurs questions ayant trait, comme l’on s’y attendait, à l’événement de la proclamation de l’état d’urgence. Sans fournir le moindre élément nouveau, il s’est contenté de réaffirmer que cette décision était devenue plus que nécessaire au vu des menaces que font peser les terroristes sur le pays.
Selon M. Essid, cette mesure est destinée à permettre aux différents corps sécuritaires de disposer de plus de moyens pour combattre ledit fléau et agir avec plus de vigueur et d’efficacité en la matière
Habib Essid a estimé, par ailleurs, que la déclaration de l’état d’urgence était déjà parmi les options examinées par le conseil de sécurité nationale, dimanche 28 juin 2015 au Palais de Carthage, avant d’être laissée en suspens dans l’attente de plus de consultations.
En effet, « j’ai eu, dans les jours qui avaient suivi ladite réunion, plus de dix rencontres avec des responsables de partis et des organisations nationales ainsi qu’avec des représentants de la société civile avant de parvenir à la conclusion qu’il fallait faire ce choix difficile », a tenu à« révéler » Habib Essid avant de préciser que certains n’étaient pas convaincus qu’il fallait recourir à cette démarche, mais que la majorité était en faveur de cette décision.
M. Essid a tenu à mettre en relief que son gouvernement prend en considération les inquiétudes des partis politiques et autres organismes de la société civile qui craignent une régression en matière des libertés et du respect des droits de l’Homme, tout en assurant que l’état d’urgence ne compromet pas ces libertés. Il a ajouté que la Tunisie d’aujourd’hui n’est pas celle d’hier dans le sens où l’Etat doit agir conformément à la loi et en symbiose avec la Constitution et les institutions.
Pour conclure ce volet, le chef du gouvernement a ajouté que la Tunisie dispose des moyens nécessaires pour mener à bien le combat et vaincre le terrorisme qui n’a rien à voir avec l’Islam, ses valeurs humaines et ses principes de tolérance. « L’Etat ne s’effondrera pas », a-t-il répliqué à une question dans ce sens tout en assurant que l’Etat est fort de ses institutions.
Abordant les relations tendues avec la Libye et ce que le gouvernement compte faire pour sécuriser les centaines de kilomètres de frontières communes avec ce pays voisin, Habib Essid a reconnu qu’il s’agit, là, d’une mission délicate et coûteuse puisqu’il faut construire des remparts solides et des murs « électroniques » qui ont un coût trop élevé de près de 150 millions de dinars qu’il faudra trouver dans le cadre de la coopération avec les pays frères et amis.
Mais entretemps, a-t-il tenu à préciser, encore, qu’il faudra sécuriser et protéger ces frontières avec les moyens du bord, ce qui exige des efforts colossaux.
Prié de donner la réalité de la situation au ministère de l’Intérieur, ce département hautement sensible dont on a dit, à maintes reprises, qu’il était infiltré et miné par des services sécuritaires parallèles, le chef du gouvernement s’est contenté de réponses-bateau sans rien fournir de précis.
Pour lui, le département est « clean » et qu’il fonctionne à merveille, tout en reconnaissant qu’il y a parfois des défaillances ou du laxisme auxquels il faut remédier à temps, comme ce fut le cas pour les récents remaniements, notamment la suppression du poste de directeur général de la sûreté.
Et à l’hypothèse de refaire appel à des anciens de l’appareil sécuritaire, même ceux du temps de Ben Ali, le chef du gouvernement a répondu que tout demeure possible et que toutes les possibilités sont envisageables. Mais lorsqu’on lui avancé le nom d’Ali Seriati, il a dit préférer ne pas avancer de noms précis sans, toutefois, écarter cette probabilité.
Aux autres questions concernant la situation dans les mosquées et les vagues d’arrestations des présumés suspects, M. Essid a gardé la même stratégie du tout es possible et que l’Etat et les services de sécurité et de justice agissent dans le cadre de la légalité.
Evoquant l’affaire du limogeage de Mohamed Ali Laroui, le chef du gouvernement Habib Essid, a tenu à préciser qu’il n’a pas été a écarté du ministère, mais qu’il a été, uniquement, démis de ses fonctions de porte-parole dudit ministère avant d’ajouter qu’il n’a rien à voir avec cette mesure qui est du ressort du seul ministre de l’Intérieur, Mohamed Najem Gharsalli, et que cette décision n’a aucun lien avec l’attentat terroriste de Sousse.
Habib Essid s’est illustré à la fin de l’interview par deux répliques. La première lorsqu’on lui a fait la remarque que le gouvernement est accusé « d’agir avec des mains tremblantes ». Il a interrogé ses trois interlocuteurs : « Regardez bien mes mains, est-ce que vous voyez qu’elles tremblent ? ».
Ensuite, il a été prié de dire s’il compte rester à son poste de chef de gouvernement. Il a répondu avec vigueur : « Plus que jamais, j’ai une mission et je l’assume jusqu’au bout », a-t-il martelé.
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