La BIAT, première banque privée de Tunisie, continue sur sa lancée
02/06/2015
C’est dans une salle archicomble que s’est tenue, lundi 1er juin 2015, à l’hôtel Résidence Gammarth, l’Assemblée générale de la Banque internationale arabe de Tunisie (BIAT), sous la présidence de Ismaïl Mabrouk, président du Conseil d’administration.
La première banque privée de Tunisie affiche une bonne santé proposant un dividende de 3 dinars par action (30% du nominal des actions, mis en paiement à partir du 15 juin 2015), mais certains de ses actionnaires ont affiché leur mécontentement à cause du siège du représentant des petits-porteurs.
A cette occasion un hommage posthume a été rendu à feu Mokhtar Fakhfakh décédé le 1er novembre 2014 et qui est considéré comme l’un des trois principaux fondateurs de la BIAT avec Mansour Moalla et feu Habib Bourguiba Junior. Il avait passé plus de vingt ans en tant que premier dirigeant de la banque. A partir 2004 et jusqu’à sa mort, il occupé le poste de président honoraire. Une minute de silence a été observée à sa mémoire.
La BIAT a enregistré, pour l’exercice 2014, une amélioration de son Produit Net Bancaire (PNB) de 10,7%, passant de 440 à 487 MD grâce à des dépôts en progression de 6,8% situé à 7.500 MD et une maîtrise des charges qui n’ont pas dépassé les 5,9%. Le coefficient d’exploitation a été réduit de plus de deux points en 2014 à 50,6%. Pour leur part, les crédits octroyés à la clientèle ont augmenté de 5,4%, atteignant 6.350 MD.
Côté ratios de gestion et de rentabilité, la banque termine son exercice avec des niveaux satisfaisants : plus de 15% pour le ROAE (rentabilité des fonds propres), plus de 70% pour le taux de couverture des CDL (créances douteuses litigieuses) et 10,64% pour le ratio global de couverture des risques (le niveau règlementaire étant fixé à 10%). Le Résultat d’exploitation a enregistré un accroissement de 4,4 %, à 160,2 MD. Malgré ces performances, le résultat net a baissé de 4,9% pour se situer à 102,4 MD.
La banque a aussi étendu son réseau avec l’implantation de 16 nouvelles agences, portant leur nombre global à 185 agences.
Le groupe BIAT a enregistré, pour sa part, une hausse de son PNB consolidé de 10,9 se situant à 535,6 MD et un résultat consolidé en augmentation de 10% atteignant 116,6 MD.
On notera qu’une partie des dividendes distribués provient des réserves qui ne sont pas soumises à la retenue à la source comme le reste.
M. Mabrouk a précisé que ces performances ont valu à la banque d’être élue «Meilleure Banque en Tunisie» par des revues internationales spécialisées, notamment par le magazine African Business, publié à partir de Londres, qui a classé la BIAT au premier rang à l’échelle du système bancaire Tunisien et au 36ème rang au niveau africain (+22 places gagnées par rapport au classement de 2013).
Plusieurs actionnaires, notamment le célèbre Mustapha Chouaïeb, et le président de l’Association des actionnaires minoritaires “ADAM” Khaled Ahres, ont réclamé l’application de la circulaire de la banque centrale en permettant aux petits porteurs de choisir un administrateur qui les représente au conseil d’administration. Chose approuvée par Ismaïl Mabrouk, et déjà effective vu que des élections ont été organisées, il y a trois ans, qui ont abouti à la nomination de Fathi Mestiri. Moncef Oughlani, bien que soulignant les bonnes performances de la banque, a sévèrement critiqué le fait que leur représentant n’a jamais tenu de réunion avec eux ou ne leur a rendu des comptes. Pour lui, les actuelles lois n’encouragent pas à investir dans la bourse. Ces propos ont été applaudis par certaines personnes présentes, partageant son opinion. En réponse, le représentant de l’Association des petits porteurs Hatem Logani a tenu à «rendre à César ce qui est à César», précisant que l’association a eu plusieurs réunions avec Fathi Mestiri, notamment sur l’accompagnement de des PME par la banque en Afrique.
Mais, les voix se sont multipliées pour appeler à de nouvelles élections lors de la reconduction du mandat de M. Mestiri pendant la lecture des résolutions. En réponse, le président du conseil a indiqué que la loi prévoit la reconduction du mandat, ce qui a été contesté par Chouaïeb et Ahres. Pour éviter le quiproquo, M. Marouk a réclamé le texte de loi pour vérification. C’est à ce moment là que des actionnaires sont intervenus pour expliquer que la circulaire était mal faite et qu’il faut qu’elle soit amendée soutenant que la BIAT, première banque de la place, devait les soutenir dans leur combat. En réponse à ces doléances, le président du conseil a exprimé son soutien : «Présentez votre demande à la Banque centrale et nous vous épaulerons», leur a-t-il assuré.
D’autres sujets ont été abordés. En effet, Mustapha Chouaïeb s’est interrogé sur une branche qu’il juge floue, la SICAR de la BIAT: sur ses investissement, son portefeuille et son secteur d’activités, en se demandant si la société finance réellement des projets risqués et si des fonds de la banque servaient à financer des projets touristiques. Des analystes se sont interrogés sur l’écart constaté entre le résultat du groupe, le résultat consolidé et sur les provisions. Habib Bouzouita, pour sa part, s’est demandé ce qu’attendait la première banque de la place pour s’internationaliser et notamment pour développer une stratégie sur l’Afrique. Il a, également, réclamé de présenter les perspectives et le business plan de la banque sur les 3 à 4 prochaines années, pour plus de transparence.
En réponse, le directeur général Mohamed Agrebi a précisé concernant l’écart, que la loi prévoit l’élimination du résultat. Toutes les opérations intergroupe, toutes les charges, produits, créances et dettes étant neutralisés, d’où l’écart entre résultat du groupe et résultat consolidé.
Ismaïl Mabrouk a expliqué que la direction est très prudente : elle a prévu des dotations aux provisions avec des marges lui laissant une aisance pour prémunir toute mauvaise surprise dans les prochaines années.
Par ailleurs, il a précisé que certains investissements passent par des SICAR étant donné que certains secteurs sont exonérés d’impôts. Concernant les crédits alloués au secteur touristique, il a précisé que la banque donne des crédits aux hôteliers qui payent : «on ne fait pas de la politique», a-t-il rétorqué à l’adresse de Mustapha Chouaïeb, précisant qu’avec la participation à l’hôtel de feu Aziz Miled, la banque est sortie avec une plus-value de 8 MD.
Concernant l’internationalisation, M. Mabrouk a affirmé que ça va venir notant que la BIAT a déjà commencé sa démarche avec la BIAT France pour une ouverture prévue pour septembre 2015. Concernant l’agence Libyenne, il a admis qu’«il n’y restait pas grand-chose aujourd’hui». Pour l’Afrique, il a expliqué que pour le moment il est difficile de s’y implanter étant donné que la banque est incapable, pour le moment, de cerner le risque. Concernant l’Algérie, il a expliqué que leur démarché était tardive, la loi algérienne imposant un capital de 100 millions d’euros ce qui est une sommes très importante.
Interrogé sur les salaires des employés, le président du conseil a souligné que s’il n’y avait pas ces salaires, il n’y aurait pas ces résultats. Pour lui, il faut juger l’ensemble et si on est satisfait des résultats, on doit être satisfait de tout.
Autre point, Ismaïl Mabroul a admis le manque de communication de la banque sur son business Plan et a invité les actionnaires à une communication qui sera planifiée pour septembre/octobre au siège de la BIAT.
La BIAT poursuit la mise en place de sa stratégie et le déploiement de ses différents projets de transformation dans de bonnes conditions lui permettant d’être toujours dans une dynamique de développement et d’amélioration, avec un souci constant d’améliorer la rentabilité de la banque et de préserver ses fondamentaux, le tout en renforçant sa bonne gouvernance et en poursuivant ses engagements citoyens. C’est ce qu’a assuré son président du Conseil d’administration Ismaïl Mabrouk.
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