L’Accord d’association avec l’UE, loin des attentes tunisiennes!

04/06/2014

Depuis le lancement, en 1995, de l’Accord d’Association avec l’Union européenne (UE), la Tunisie a enregistré un manque à gagner d’environ 2,9% du PIB par an en moyenne. C’est ce qu’a déclaré Zouhair El Kadhi, directeur des études et de recherche à l’Institut tunisien des études stratégiques (ITES).

Le démantèlement tarifaire qui prévoit l’élimination progressive (sur 12 ans) des droits de douane sur les importations de produits industriels en provenance de l’Europe, a déclenché, depuis 1995, un cycle baissier, a souligné l’expert. Intervenant, mardi, lors de la conférence-débat, organisée à Tunis par l’ITES, en coopération avec «l’Association prospective de développement (APD)» sur “le bilan et les perspectives de l’accord d’association Tunisie-UE”, El Kadhi a affirmé que suite à cet accord les droits de douane ont baissé de 22% à 4%, soit une baisse de 18 points de pourcentage.

Toutefois, a-t-il rappelé, cette baisse a été compensée par l’IR (impôt sur le revenu), l’IS (impôt sur les société) et la TVA. «Les droits de douane sont ainsi passés de l’équivalent de 4,6 points du PIB, en 1995, à près d’un point du PIB durant les dernières années», a-t-il fait savoir.

Selon, «ce manque à gagner reste assez élevé même si on tient compte de la contrepartie financière accordée par l’UE à la Tunisie via les différents programmes de soutien financier, comme le programme MEDA et l’appui accordé par la BEI (Banque européenne d’investissement et de l’AFD…».

Seuls 40% des sommes engagées par le programme MEDA, qui constitue le principal instrument financier de l’UE, ont été décaissées, depuis son lancement en 1996, a-t-il souligné, rappelant, à ce propos, que les décaissements dépendent des avancées réalisées par le pays concerné, en l’occurrence la Tunisie, en matière de réformes.

Pour Mahmoud Bessrour, ancien ambassadeur et président de l’APD, les chocs des démantèlements des droits de douane et du manque à gagner sur les équilibres économiques et financiers du pays ne sont pas négligeables. En effet, précise encore le responsable, les effets bénéfiques de la zone de libre-échange, officiellement entrée en vigueur, le 1er mars 1998, et des flux des IDE européens sont contre balancés par une série d’effets négatifs, notamment aux niveaux du renforcement du déficit structurel de la balance commerciale et de l’endettement croissant, outre l’évasion de capitaux et la fracture du tissu industriel du pays.

Pour lui, au cours de la période fiscale-douanière (1996/2008), l’UE a contribué au total par 4,5 milliards d’euros, alors que le manque à gagner de l’Etat a atteint près de 20 milliards de dinars tunisiens.

Répondant à la question relative au déficit de la balance commerciale entre la Tunisie et l’UE, Mme Michaela Dodini, chef de la section commerciale de la délégation de l’UE en Tunisie, a rappelé que l’UE représente seulement 40% du total du déficit de la Tunisie. La Tunisie est le 32ème partenaire commercial de l’UE européenne, a-t-elle rappelé.

D’ailleurs, elle estime que le bilan de l’accord d’association reste positif même s’ils restent en dessous des attentes escomptées. La concentration des exportations tunisiennes sur quelques secteurs (textile/habillement, cuir et industries mécaniques et électriques), outre la faible valeur ajoutée des exportations tunisiennes, constituent les principaux problèmes qui entravent le développement des échanges bilatéraux, estime la responsable.

De ce fait, soulignera-t-elle, la proposition d’Accord de libre-échange complet et approfondi (ALEC), dont le processus préparatoire a été lancé, depuis 2012, constitue une opportunité pour libérer le potentiel du commerce et d’investissement entre les deux parties.

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