Le gouvernement prend-il la restructuration des entreprises publiques par le bon bout ?

6/08/2014

Le pays n’ayant plus les moyens de se payer le «luxe» de continuer à subventionner ad aeternam des entreprises dont le déficit ne cesse de se creuser et sont devenues de ce fait un véritable Tonneau des Danaïdes, les autorités ont enfin ouvert –et apparemment pour de bon- le dossier de la restructuration de ces entités. Une réflexion est en cours au sein du gouvernement, sous la houlette du ministère du Transport, dont les grandes lignes avaient été révélées début juin (lors de la journée d’étude : financement de la restructuration des entreprises publiques, organisée le 7 juin) à des représentants de la communauté d’affaires.

Une des questions clefs –et parmi les plus difficiles à résoudre-est celle du financement de cette restructuration. Ayant, comme l’explique Mondher Khanfir, conseillé auprès du ministre du Transport, Chiheb Ben Ahmed, évité «d’aller au plus facile en augmentant le capital» de ces entreprises, le gouvernement propose la création de deux outils comme solution de rechange : un «fonds d’impact» et un «fonds de retournement».

Le fonds d’impact aurait pour finalité, selon M. Khanfir, d’aider «les entreprises publiques qui auraient des difficultés à justifier un financement par le secteur financier» et celles «ayant une spécificité régionale ou environnementale». Ses ressources proviendraient de «l’enveloppe destinée initialement à subventionner» ces entreprises.

Un tel fonds «peut contribuer à créer de la valeur si (i) les projets sont correctement structurés grâce à l’apport d’un incubateur ayant les ressources humaines requises, et (ii) si les conflits d’intérêts sont adressés de manière satisfaisante. Ils mériteraient d’être ouverts à l’ensemble des cadres de la fonction publique», analyse Aziz Mebarek, co-fondateur d’Africinvest-Tuninvest.

Le fonds de retournement, d’un montant de 1 milliard de dinars, serait, selon le conseiller du ministre du Transport, «du capital investissement très spécifique». D’après M. Khanfir, la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) serait «prête à y contribuer à condition que le secteur privé en fasse partie».

Mais pour Aziz Mebarek, le fait que la CDC soit de la partie –et, selon lui, elle peut être associée à ce fonds- ne résout pas le problème qui réside dans le fait que «les investisseurs en capital et les SICAR n’ont pas vocation à contribuer à des fonds».

En outre, «la situation est compliquée et nécessite un plan d’urgence qui touche au positionnement stratégique, à la gouvernance, à la reconfiguration de l’actionnariat et à la restructuration financière de ces entreprises», observe le co-fondateur d’Africinvest-Tuninvest. Qui rappelle, en outre, que «si nous n’avons pas de réponses claires et pas globales à des questions clefs, nous ne nous engageons pas». Et une de ces questions est de savoir «si nous avons les 3 ou 4 gestionnaires avec lesquels nous pouvons relancer l’entreprise».

Bref, Aziz Mebarek ne croit pas «à l’idée d’un fonds de retournement selon le schéma présenté, qui ne soit pas associé à un levier clair et franc au niveau de la gouvernance. Ceci pose la question du devenir des entreprises qui sont dans des activités concurrentielles, et qui dans certains cas portent préjudice à des secteurs d’activité entiers de l’économie tunisienne. Nous devons faire la différence entre service public et entreprise contrôlée par l’Etat, objectif et procès de mise en œuvre qui doit, dans tous les cas, tenir compte des aspects sociaux, sans pour autant aller contre les logiques économiques qui s’imposeront à nous un jour ou l’autre».

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