Le manque de touristes ralentit le commerce artisanal
11/08/2015
En cette haute saison touristique, les souks sont presque vides. Est-ce la canicule qui décourage les visiteurs ou le manque de touristes qui fait défaut ? Selon un commerçant d’habits traditionnels, les Algériens sont là, mais pas en nombre suffisant comme autrefois.
Les quelques rares clients rencontrés ce jour-là sont essentiellement des Algériens qui marchandent avec les commerçants. Un vendeur de poterie reconnaît que l’activité dans la médina a régressé en raison de l’attentat terroriste de Sousse; cependant, il ne cache pas sa joie de voir les touristes algériens déferler dans sa boutique. «C’est une bonne clientèle. Il suffit tout juste de leur faire une réduction, même d’un dinar, pour le plaisir».
Plus de place pour le plastique
Plus loin, le nattier se plaint de l’absence de clientèle. Son étalage est rempli de couffins, d’éventails et autres accessoires qui ne trouvent pas acquéreur. Pour lui, pas question de baisser ses prix expliquant que les matériaux de base pour la fabrication des nattes et des couffins sont chers et que le métier risque de disparaître à cause de la désertion des jeunes. «Il faudrait que l’apprentissage de ce métier soit intégré dans les programmes de la formation professionnelle et non pas seulement à l’Office national de l’artisanat», suggère-t-il.
C’est ainsi que les couffins en plastique prennent de plus en plus de place au détriment de ceux qui sont fait avec des produits naturels. «C’est le prix qui fait la différence», commente une Italienne établie à Tunis et qui visite pour la première fois Nabeul. «J’aurais voulu acheter le couffin de Nabeul, mais son prix, 35 dinars, m’a dissuadé. J’ai donc décidé de me rabattre sur celui en plastique qui ne coûte que 7 dinars, d’autant plus que je vais m’en servir pour la plage», souligne-t-elle.
Activité réduite au souk des Blaghgia
Le souk des Blaghgia (savetiers), sis dans l’arrière médina et qui a été restauré en partie grâce à l’Association de sauvegarde de la médina de Nabeul, de la municipalité et du gouvernorat, a repris son activité. Or, ce matin-là, il était quasiment vide. Les commerçants expliquent que l’absence de touristes occidentaux, qui venaient en groupe, a beaucoup réduit leur activité et qu’à cette heure de la journée, les gens préfèrent se rendre à la plage. Idem pour les bijoutiers dont les magasins sont vides.
Même les cafés, qui autrefois ne désemplissaient pas, sont totalement vides. «Il fut un temps où les clients se bousculaient devant mon café à la recherche d’une place vide. Le coup de Sousse a été fatal pour le tourisme. Comment allons-nous reconquérir la confiance des touristes occidentaux ?». Un constat amer et douloureux pour le commerce artisanal que d’aucuns tentent de gérer avec subtilité en effectuant des baisses de prix pour certains produits et des promotions, notamment au niveau du textile. Il reste encore beaucoup de travail à faire pour que le secteur du commerce artisanal retrouve son aura.
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