Le pèlerinage de la mort

25/09/2015

Comme chaque année des millions de musulmans accomplissent le grand pèlerinage de La Mecque, l’un des cinq piliers de l’islam. Les fidèles affluent des quatre coins du monde, vers l’Arabie saoudite. Cette année plus de 2 millions de personnes se sont rassemblées pour entreprendre le pèlerinage, objectif spirituel de toute une vie pour tout musulman. Sauf que cette année, une succession de drames était au rendez-vous, le dernier étant l’immense bousculade à Mina.

 

 

C’est une tragédie dont on ne connait pas encore le bilan définitif, selon les dernières informations venues d’Arabie saoudite, au moins 720 pèlerins ont trouvé la mort et plus de 800 ont été blessés. Ce n’est pas le premier drame lié au Hajj, mais le nombre de victimes est sans précédent depuis plus de 25 ans.

 

Première version officielle : les fidèles n’auraient pas respecté les instructions. La bousculade aurait été provoquée par un choc entre deux marées humaines d’après des témoins sur place. C’est à Mina, où symboliquement, les fidèles lapident des stèles supposées représenter Satan, que le drame a eu lieu. Cette journée coïncide aussi avec la fête de l’Aïd Al Idha, la fête du sacrifice. C’est le jour où des centaines de milliers de de personnes se retrouvent à Mina. Une journée connue pour être la plus tendue et la plus dangereuse du pèlerinage, vu le nombre important de fidèles qui s’entassent en un même lieu, et le caractère du rite de la lapidation.

 

En plusieurs étapes, des millions de personnes accomplissent les rites du Hajj, en suivant un parcours balisé, mais surtout surpeuplé. Après avoir effectué les 7 tours du sanctuaire sacré, la Kaaba, on se dirige vers le Mont Arafat, avant de partir vers Mina, immense ville de tentes, dressées pour accueillir les pèlerins, venus lapider Satan, symbolisé pas trois stèles. Le rite consiste à jeter des cailloux vers les stèles. Le fidèle devant en jeter 7 contre  chacune d’elles. Et le drame fut. La gigantesque bousculade a fait des centaines de morts et de blessés avec un bilan plusieurs fois revu à la hausse. Cette journée de fête dans le monde musulman, est endeuillée par des images insoutenables relayées sur les réseaux sociaux et par les médias. Une hécatombe au vrai sens du terme. Des corps  qui jonchent le sol par centaines, écrasés, entassés. Çà et là, des survivants piégés dans cette marée de corps, crient leur désespoir et appellent au secours. Horrible vision morbide.

 

L’inquiétude est à son summum, chaque pays comptant des pèlerins, tente de s’enquérir dans cet immense chaos, de l’état de ses ressortissants. Coup de bol pour la Tunisie, aucune victime n’est à déplorer. Une cellule de crise présidée par le ministre des Affaires religieuses, Othman Battikh est rapidement créée, ayant pour mission d’entreprendre sur place, le suivi de la situation des Tunisiens et la coordination de l’action avec les équipes d’accompagnement. Les accompagnateurs ont été appelés à encadrer de plus près les pèlerins tunisiens et à aider ceux qui sont encore sur le pont « d’Al Jamarat » à rejoindre les camps.

 

Ce vendredi le témoignage d’un responsable de la délégation tunisienne révèle que la bousculade est survenue soudainement. Riadh Jegham affirme que vers 8h, le calme régnait dans le camp tunisien, mais que rapidement celui-ci avait été pris d’assaut de toutes parts et envahi par des pèlerins en 3 minutes. Le responsable affirme que les gens étaient dans un état de panique totale et qu’en quelques minutes, à peine, des tas, composés de morts et de blessés, se sont formés. M. Jegham fait savoir qu’il existe des points d’ombre entourant les circonstances de cet incident, puisque rien ne présageait qu’une bousculade allait avoir lieu.

 

Et justement des voix se sont élevées pour accuser les autorités saoudiennes de négligence dans l’organisation du pèlerinage. Les Iraniens ont pointé un manque sérieux concernant la sécurité  et dénoncé des mesures inappropriées qui seraient à l’origine du drame. Plusieurs sources mettent en cause les autorités saoudiennes et une version selon laquelle le mouvement de foule aurait été provoqué par le convoi d’un prince héritier d’Arabie saoudite, s’est répandue comme une trainée de poudre. Aucune source officielle n’a encore confirmé cette version et l’Arabie saoudite a promis de mener une enquête rapide et transparente. Cela n’a pourtant pas empêché les critiques contre le régime saoudien de fuser de toutes parts, d’autant plus que des photos qui ont circulé sur les réseaux sociaux montrent des espaces VIP, aménagés à l’attention des personnalités qui viennent accomplir la lapidation…

 

Les mouvements de foules, pourtant régulés par près de 100 mille policiers, déployés sur les lieux saints, n’ont pas pu être contenus. Cela dénote d’un manquement au niveau de la sécurité et de l’organisation.  Une tragédie survenue malgré les importants travaux d’infrastructure réalisés ces dernières années. Un nouveau drame qui vient, en plus, s’ajouter à celui survenu à quelques jours du début du pèlerinage, lors de la chute d’une grue sur la Grande Mosquée de la Mecque, faisant plusieurs morts et blessés, ou encore à l’effondrement d’une montagne sur un hôtel…

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