L’Europe de l’Est rêve l’investissement chinois
26/11/2013
Le Premier ministre chinois Li Keqiang rencontrera mardi à Bucarest 16 chefs de gouvernement d’Europe centrale et orientale désireux de doper les investissements chinois dans leur région après des retards à l’allumage.
Ce sommet économique Europe de l’Est-Chine intervient alors que Pékin et l’Union européenne (UE) ont lancé la semaine dernière des négociations sur un accord d’investissement qui doit leur assurer un meilleur accès réciproque à leurs marchés.
“Le sommet de Bucarest permettra aux pays d’Europe centrale et orientale (PECO) d’apprendre ce que les Chinois recherchent”, a déclaré à l’AFP le chef de la Chambre de commerce roumano-chinoise Gabriel Ghelmegeanu.
M. Li, le premier chef de gouvernement chinois à visiter la Roumanie depuis 19 ans, sera accompagné de patrons de plus de 200 grandes compagnies publiques et privées.
Des centaines d’hommes d’affaires d’Europe de l’est chercheront à attirer leur attention pour investir dans l’énergie, les transports ou l’agriculture.
“Développer un partenariat avec l’Europe de l’Est est une option logique pour la Chine car cela donne accès à d’importants ports maritimes comme Constanta (Roumanie) et Bourgas (Bulgarie) pour ses exportations”, explique à l’AFP l’analyste économique Razvan Orasanu.
“Les pays de la région ont des taux de croissance élevés et des règlementations concernant l’emploi et les visas moins strictes”, qu’en Europe de l’ouest, ajoute-t-il.
Au début des années 2000, les investissements chinois dans la région étaient quasiment nuls. En 2010, ils ont atteint 590 millions d’euros, selon l’Institut de développement de l’Europe centrale et orientale (CEED), basé à Varsovie.
Les échanges commerciaux entre la Chine et la région sont passés de 2,2 milliards d’euros en 2000 à 30,2 milliards d’euros en 2010, la Chine enregistrant un excédent net.
Après la crise de la zone euro, les pays d’Europe de l’Est avec “leurs économies hybrides, à mi-chemin entre les marchés émergents et développés…semblent plus dynamiques pour investir du capital chinois”, a insisté le CEED.
Mais un an et demi après le sommet de Varsovie où la Chine avait promis des lignes de crédit de 10 milliards d’euros, les projets ont du retard à l’allumage.
Le Fonds d’Investissement et de coopération Chine-Europe centrale et de l’est (IFC) n’a pas avancé.
La Pologne, deuxième partenaire de la Chine dans la region, de même que les pays baltes, la Slovaquie et la République Tchèque n’ont pas vu d’investissement chinois important depuis 2012.
Après de longues négociations, la Roumanie est arrivée à un accord avec Huadian Engineering pour la construction en 2014 d’une centrale électrique.
Bucarest espère signer des contrats de plusieurs milliards d’euros pour la construction de deux réacteurs nucléaires à Cernavoda (sud-est) et de deux autres centrales électriques.
En Bulgarie, le groupe chinois Great Wall Motor a ouvert une usine d’assemblage à Bahovitsa en février 2012, devenant le premier fabriquant automobile chinois à lancer une production en Europe.
Mais deux accords avec la compagnie chinoise Build Your Dreams pour assembler des bus électriques et construire un parc technologique ont été gelés.
La Hongrie, qui a vu les investissements chinois tripler depuis 2010 à 1,8 milliard d’euros, semble être le partenaire favori de Pékin dans la région.
Les géants de l’informatique et des télécommunications Huawei et ZTE, ainsi que l’entreprise chimique Wanhua ont investi des centaines de millions dans ce pays. La décision d’accorder des permis de résidence aux étrangers qui achètent 250.000 euros d’obligations hongroises a été encourageante, estiment les analystes.
La Serbie voisine, qui n’est pas membre de l’UE, a signé un contrat préliminaire pour la construction d’un pont sur le Danube à Belgrade, le premier contrat d’insfrastructure d’une telle ampleur en Europe.
Mais d’autres projets chinois de construction d’autoroutes dans la région ont échoué en raison de problèmes de paiement de la main d’oeuvre ou du désir des Chinois de faire venir leurs ouvriers.
“Les Chinois veulent être aux commandes des projets et insistent pour avoir des garanties d’Etat mais cela n’est pas possible”, estime M. Ghelmegeanu.
Et d’ajouter : “S’ils veulent étendre leurs affaires, ils doivent s’adapter à notre système, au système de l’UE”.
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