Réunion de la FTAV : Il faut sauver le secteur tourisme

30/06/2015

Une réunion « de crise » organisée par la fédération tunisienne des agences de voyage (FTAV), a rassemblé, dans la soirée du 30 juin 2015, à l’hôtel Movenpick Sousse, un bon nombre de professionnels du tourisme et de politiques, pour débattre des difficultés qu’ils rencontrent et des complications auxquelles ils doivent faire face depuis l’attentat terroriste du 26 juin, qui a coûté la vie à 38 touristes.

 

Dans son allocution d’ouverture, Mohamed Ali Toumi, président de la FTAV, a appelé tous les présents, hôteliers et propriétaires d’agences de voyage à parler sans langue de bois, à fournir aux politiciens présents un état des lieux réel et à faire part de leurs doléances, ainsi que de leurs propositions pour couvrir les pertes et essayer de sauver le secteur.

 

Un état des lieux a donc été dressé par les hôteliers qui ont pris la parole, état des lieux qui n’augure rien de bon. Il fallait le dire et c’est sans équivoque : la situation est désastreuse et si rien n’est entrepris c’est le secteur tout entier et par conséquent l’économie du pays qui s’écroulera.

 

Selon les représentants de tour-opérateurs présents sur place, les compagnies aériennes et voyagistes étrangers ont très vite pris des mesures exceptionnelles : Jetair a fait faire demi-tour à l’un de ses avions qui se rendait en Tunisie en provenance de Belgique, et a suspendu tous ses vols jusqu’au 29 juin. Le tour-opérateur britannique Thomas Cook offre désormais la possibilité à ses clients «de changer sans frais leurs réservations pour la Tunisie pour les départs prévus jusqu’au 24 juillet ». Le voyagiste allemand TUI a proposé à ses clients sur place qui désiraient rentrer de les rapatrier et ceux qui ont réservé jusqu’au 15 septembre ont pu annuler sans frais, avec arrêt temporaire des ventes et a enregistré, selon leur représentant, 11.000 annulations. On parle aussi de tour-opérateurs qui auraient carrément annulé la destination jusqu’en 2016 et qui ont rapatrié leurs clients et leurs guides.

 

En trois jours, les hôteliers ont vu leurs établissements se vider à une vitesse exponentielle. Les agences, quant à elles, gèrent depuis l’attentat les annulations successives qui engendrent des pertes considérables, on parle de millions d’euros remboursés. Les avions qui continuent de desservir la Tunisie arrivent presque vides, et le nombre de vols a chuté de plus de moitié, dans le meilleur des cas.

 

Selon le rapport 2015 du World Travel and Tourism Council (WTTC), le tourisme pèse pour 7,4% du PIB national de la Tunisie. Le tourisme emploie directement 239.500 personnes, soit 6,8% de la population active, en 2014, répartis dans l’hôtellerie, les agences de voyage, les compagnies aériennes et autres sociétés de transport touristique.

 

D’autres secteurs sont aussi dépendants directement du tourisme, comme la restauration et l’industrie des loisirs. Le tourisme comptabilisait 473.000 emplois en 2014, soit 13,9% de la population active.

 

La crise engendrée par l’attentat de Sousse est une crise économique mais aussi et surtout sociale. Les hôteliers présents sur place ont fait part de leur résignation à devoir se passer de bon nombre de leurs employés et à fermer certaines de leurs unités.

 

Ils ont vivement critiqué l’administration et notamment les établissements bancaires, la STEG et la SONEDE qui leur mettent la pression allant jusqu’à couper l’eau et l’électricité plongeant ce qui reste des touristes dans le noir et qui refusent catégoriquement d’échelonner leurs factures. Les hôteliers et directeurs d’agences de voyage ont souligné la non expertise des cadres de l’ONTT qui, selon eux, ne sont pas du domaine et qui ne s’y connaissent pas, soulignant l’insuffisance des mesures annoncées jusque là.

 

Selon les professionnels du secteur, le ministère du Tourisme devrait faire partie des ministères régaliens et travailler en totale coopération avec les autres ministères. Les hôteliers soutiennent l’idée de création d’un conseil supérieur du tourisme pour réformer le secteur et apporter les changements de fond, loin du rafistolage superficiel habituel. Les agences de voyage et la compagnie aérienne Nouvelair ont appelé à l’élargissement de l’espace aérien, soulignant que la Turquie profite du pont aérien qui la relie notamment à l’Algérie et que la catastrophe qui a frappé la Tunisie profite à la Turquie qui a augmenté ses prix pas plus tard que samedi, soit au lendemain de l’attaque terroriste de Sousse.

 

La sécurité a été au cœur du débat, et la détaxe du matériel de sécurité a été sollicitée par les hôteliers, qui ont précisé que les failles sécuritaires doivent absolument être réparées et au plus vite. Les professionnels du tourisme ont déclaré qu’il ne s’agit pas, à l’heure actuelle de jeter le blâme, que toutes les parties impliquées sont responsables de ce qui s’est produit et que l’heure est à l’action.

 

Les députés présents ont fait part de la volonté politique de venir en aide au secteur, et ont appelé les professionnels du tourisme à formuler, par écrit, leurs propositions, qui seront étudiées lors d’une réunion avec les représentants du secteur. Ils ont précisé que toutes les mesures nécessaires seront prises pour redresser ce secteur vital à l’économie tunisienne. Les premières ont été annoncées, lors d’une conférence de presse, qui a été tenue dans la soirée, par la ministre du Tourisme Selma Elloumi Rekik.

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