Situation économique en Tunisie : Slim Chaker brosse un tableau noir
12/05/2015
Une journée d’étude sur «la réalité de la situation économique en Tunisie et les pistes de croissance» a été organisée, aujourd’hui mardi 12 mai 2015 au siège de l’UTICA pour débattre de la situation économique dans le pays.
Cette journée a été marquée, notamment, par l’intervention de Slim Chaker, ministre des Finances qui a brossé un tableau pessimiste avec des indicateurs négatifs portant sur la plupart des secteurs de la dynamique économique.
Pour commencer, M. Chaker a tenu à mentionner que près de 50% du budget de l’Etat, consacré au développement régional, est encore bloqué, alors que le reste a déjà été investi dans des projets à l’échelle régionale. Ce blocage peut être expliqué, surtout, par «le faible pouvoir de l’Etat dans les régions, le manque d’investissements publics et l’effet négatif de cette situation sur le secteur privé», selon le ministre des Finances. M. Chaker a évoqué des chiffres alarmants prouvant le marasme continu de l’économie nationale.
En effet, la production nationale des ciments a baissé de 10% au cours du premier trimestre de l’année 2015, parallèlement à celle du phosphate qui a chuté de 40% et des dérivés de phosphate qui ont régressé de 48%, à l’exception de la production de l’électricité qui s’est améliorée de 5%.
Pour le tourisme, le nombre de nuitées a baissé de 11% au cours du premier trimestre de l’année actuelle, les arrivées aux frontières ont diminué de 14% et les recettes touristiques ont chuté de 7%. Toutefois, les exportations globales ont légèrement évolué, au cours de la même période de l’année en cours, de 1,5%, tirées principalement par l’évolution des exportations de l’huile d’olive qui ont été multipliées par 10 par rapport à la même période de l’année écoulée. Les importations ont, quant à elles, baissé de 5%, ce qui a ramené le taux de couverture de la balance commerciale à 75%.
En résumé, le ministre des Finances a reconnu que le pays passe par une période difficile et se trouve dans l’obligation d’optimiser la gestion de ses ressources financières pour pouvoir mieux répartir les richesses, rappelant dans ce cadre que 50% du budget de l’Etat est accaparé par 5 ministères, à savoir l’Education nationale, la Santé et l’Enseignement supérieur mais aussi les départements de l’Intérieur et de la Défense.
«Désormais, la loi des finances complémentaire pour l’année 2015, qui verra bientôt le jour, doit prendre en considération les changements de la conjoncture économique nationale et internationale», a-t-il promis. Le ministre a traité, ensuite, de plusieurs autres points brûlant tels ceux de la douane, de la fiscalité, de la croissance, de la contrebande, etc.
Wided Bouchamaoui a appelé, quant à elle, à la mise en place de règles pour impulser l’investissement, à la résolution des litiges relatifs à l’interdiction de voyager qui pèse sur plusieurs hommes d’affaires et du problème de l’évasion fiscale et ce lors de la rencontre sur la réconciliation nationale qui aura lieu le 18 mai 2015.
Prenant la parole, Nafaâ Ennaifer, président de la Commission économique de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat a précisé que toutes les réformes devraient être engagées en urgence, car « l’entreprise tunisienne est en péril, à cause des grèves multiples des employés qui ont freiné l’investissement dans les régions».
«Le droit à la grève devient une obligation, alors que le syndicat devient un parti politique, en intervenant dans la nomination des hautes personnalités au sein de l’administration», a-t-il estimé. Et d’ajouter que «les projets de lois sont examinés au niveau des parties syndicales, alors que l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) est la seule habilitée à les examiner et les adopter».
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