Taïeb Baccouche : L’Europe est en partie responsable de la situation en Syrie

14/09/2015

Le ministre des Affaires étrangères, Taïeb Baccouche, a accordé, ce lundi 14 septembre 2015, une interview à Wassim Ben Larbi dans son émission Expresso sur Express Fm, où il est revenu sur les relations de la Tunisie avec plusieurs pays.

 

Concernant les relations avec la Syrie, M. Baccouche a annoncé la réouverture du consulat. Pour lui, la décision de sa fermeture était une erreur, puisqu’elle permet aux Tunisiens s’y trouvant de régler quotidiennement des affaires importantes.

 

Le ministre a, également, évoqué les Tunisiens qui sont dans les prisons, étant entrés illégalement dans ce pays pour rejoindre les différentes milices. Ces Tunisiens même s’ils n’ont pas pris part au combat, sont responsables de leurs actes, ceci est assimilé à la préméditation d’un meurtre pour lui. Les Tunisiens interceptés représentent quelques milliers, dont 2.000 seraient morts au combat, 3.000 à 4.000 sont toujours avec les terroristes et une soixantaine de personnes sont dans les prisons syriennes, le pouvoir veut les rapatrier en Tunisie pour rendre des comptes et qu’ils soient jugés.

 

Le ministre a aussi évoqué, une partie de ceux qui ont rejoint les combattant et qui ont réussi à retourner en Turquie où ils ont demandé l’assistance au consulat de Tunisie à Istanbul. Pour lui, ces personnes seront jugées au cas par cas, selon leurs méfaits. Concernant les réfugiés syriens, M. Baccouche déclare que l’Europe doit prendre ses responsabilités étant en partie responsable de ce qui se passe et étant donné que les interventions militaires dans ce pays, en Libye et en Irak ont été de véritables fléaux pour eux.

 

Concernant nos relations avec la Turquie, le chef de la diplomatie tunisienne a affirmé qu’elles sont bonnes et normales, soulignant que la coopération entre les deux pays se poursuit.

 

En ce qui se rapporte à l’affaire Chourabi et Guetari, Taïeb Baccouche a expliqué que les renseignements démontrent que les deux journalistes sont détenus dans un lieu à l’Est du pays. D’ailleurs, le ministre des Affaires étrangères de Tobrouk a affirmé qu’ils sont vivants et a promis de faire tout son possible pour les libérer. Pour sa part, le ministère tunisien des Affaires étrangères suit d’autres canaux, notamment ceux de la société civile pour récupérer en vie les deux journalistes kidnappés.

M. Baccouche a précisé que Chourabi et Guetari sont détenus par des “Arouche” (des familles) en colère pour le meurtre de leurs enfants et réclament justice en faisant pression sur ceux qui les ont lésés, via la détention de plusieurs otages Européens outre les deux journalistes tunisiens.

 

Autre volet, le ministre a souligné que la Tunisie a le droit de défendre ses frontières terrestres et maritimes de l’entrée illicite de terroristes, d’armes, de marchandises de contrebande… Pour y parvenir, la Tunisie a besoin de l’assistance internationale, notamment technique, des pays amis, comme celle offerte par les Etats-Unis ou l’Allemagne.

 

Le chef de la diplomatie a expliqué que nos intérêts nous imposent de coopérer avec tout le monde et avec les deux gouvernements de Tobrouk et de Tripoli. La Tunisie doit garder de bonnes relations avec toutes les parties, a-t-il assuré, l’objectif étant de les aider à parvenir à un accord politique.

 

Concernant nos relations avec l’Algérie, Taïeb Baccouche a précisé qu’elles sont excellentes, notant que ce pays frère nous a beaucoup aidé à travers des dons, des prêts et même un dépôt auprès de la Banque centrale. Il a indiqué que les deux pays s’entre-aident pour combattre le terrorisme, avec une coordination sécuritaire et économique, un échange d’information et une évaluation commune. Cette démarche sera intensifiée, et d’autres pays comme l’Egypte et le Mali directement impliqués vont les rejoindre, a-t-il ajouté.

 

Pour lui, vu que les réseaux terroristes en Libye veulent s’étendre et avoir des liens avec les terroristes du Mali, du Nigéria, de Boko Haram, des jeunes de la Somali et d’Aqmi au Sahara, l’internationalisation de cette affaire s’impose d’elle-même.

 

M. Baccouche a estimé que nos relations avec l’Italie, la Belgique et l’Allemagne sont excellentes et que ses différents pays coopèrent avec la Tunisie et vont convertir une partie de leurs dettes en investissements ou équipements sécuritaires développés (30% pour l’Italie, 10% pour la Belgique et 60 millions d’euros pour l’Allemagne).

 

Il a souligné, dans ce contexte, que l’Allemagne est parmi les pays qui aident le plus la Tunisie, que cela soit au niveau économique ou sécuritaire. Pour sa part, la Belgique a pris l’engagement de lever l’alerte voyage sur la destination tunisienne et a manifesté une volonté politique pour aider la Tunisie.

 

La Haute-représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Federica Mogherini a, également, exprimé son soutien à la Tunisie, a-t-il précisé.

 

Le chef de la diplomatie a souligné que la Tunisie a besoin actuellement et pendant les 5 prochaines années, d’un soutien massif des pays de l’union, avec des dons et des prêts avec facilités.

 

En réponse à une question, Taïeb Baccouche a avoué que la Tunisie est revenue sur son projet d’ouvrir plusieurs consulats dans des pays africains et asiatiques, ne disposant pas des moyens financiers nécessaires. Ces ouvertures ont été reportées pour 2016. Ceci dit, plusieurs initiatives sont prises pour simplifier l’obtention des visas. D’ailleurs, certains métiers n’ont pas besoin de visas pour venir en Tunisie.

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