Valoriser les produits pour exporter plus

14/05/2014

Les entreprises industrielles en céramique et celles des artisans ne doivent pas se concurrencer mais se compléter car les armes de combat ne sont pas les mêmes. L’objectif est d’augmenter les ventes sur le marché local et à l’exportation.

Des perspectives prometteuses s’annoncent pour le secteur de la céramique qui a connu, à certaines périodes, des conditions de travail difficiles. Le secteur est connu surtout pour la fabrication des poteries et autres objets de terre cuite et de faïence. Fabriqués à base d’argile, les objets en question servent, en général, pour la décoration.  En Tunisie, on reconnaît au moins quatre genres de céramiques ou de produits en céramique, à savoir la poterie artisanale, la céramique traditionnelle, la brique traditionnelle et la tuile traditionnelle.
La fabrication traditionnelle des briques, tuiles, poterie artisanale et la céramique a permis au secteur d’acquérir ses lettres de noblesse au cours des dernières années malgré les difficultés constatées au niveau des matières premières et de la main-d’oeuvre. Les fabricants tunisiens se sont inspirés des objets traditionnels mais aussi  des poteries importées des pays méditerranéens en utilisant toutes les couleurs pour mettre sur le marché des produits répondant aux goûts des consommateurs et à leurs exigences.
Décoration de grandes surfaces

La terre cuite est  utilisée abondamment pour le travail de la céramique. Elle constitue la matière première par excellence pour fabriquer des objets décoratifs. La céramique a été introduire depuis longtemps dans les travaux architecturaux. Des carreaux sont visibles dans la décoration de grandes surfaces ou de plafonds. Dans les basiliques d’époque byzantine on a remarqué aussi l’utilisation massive de la céramique. La céramique Aghlabides est riche en motifs représentant des fleurs, des animaux et autres figures géométriques.   La poterie traditionnelle de Nabeul et de Djerba, entre autres, s’est inspirée de ces anciens dessins. Les  Andalous ont introduit, de leur côté, les motifs émaillés afin d’obtenir des carreaux de revêtement séduisants.

Chaque région de la Tunisie est spécialisée par un type de poterie et de céramique qui s’est un peu inspiré des civilisations anciennes qui sont passées par la Tunisie. Ainsi, à Guellala (Djerba) l’influence est berbère, grecque et romaine alors qu’à Moknine (Sahel) elle est berbère, byzantine et arabe. A Néapolis (Nabeul) les fabricants se sont inspirés de l’art punique, romain et andalous. A Kallaline (Tunis) l’influence est punique, romaine et andalouse.
Le développement du secteur du bâtiment a stimulé les activités économiques dans les régions notamment avec l’entrée de l’industrie dans ce secteur qui évolue à deux vitesses. En effet, de nombreuses d’unités de fabrication aussi bien artisanales qu’industrielles ont vu le jour. La poterie et la céramique tunisienne ne se limitent plus aux objets de décoration dans les maisons individuelles mais ont touché les établissements hôteliers, les départements administratifs, les restaurants et autres structures publiques et privées.
Les fabricants dans le secteur céramique à Nabeul,  Tunis, etDjerba ont réalisé de vrais chefs-d’œuvre durant de longues années en s’inspirant de l’Orient et de l’Occident et des traditions locales anciennes. Ce n’est pas un hasard si la Tunisie est considérée, en matière de céramique, comme l’un des pays les plus riches de la Méditerranée. Nous avons repris ce patrimoine et avons tenté de lui restituer sa fraîcheur et ce charme provincial qui le caractérise.

Développer l’ensemble des marchés

Les activités de la céramique traditionnelle en Tunisie ont l’avantage de proposer aux clients une large gamme de produits.  La poterie rurale  berbère à Sejnène est très appréciée par exemple.  Un vrai trésor en céramique est aussi disponible à Nabeul, à Moknine au centre du pays et poterie tournée en terre cuite à Djerba au Sud. Les régions de Tunis, Mahdia, Médenine, Zaghouan, Sidi Bouzid et d’autres ont leur mot à dire dans un secteur qui doit impérativement être pris en main avec l’appui des autorités compétentes pour éviter sa disparition ou sa marginalisation.

Les produits en céramique sont vendus sur Le marché local, national, international (exportation) et dans les zones touristiques. Il est évident que chaque marché a ses spécifités. L’Etat veut développer davantage les ventes pour garantir un revenu stable aux fabricants qui bénéficient, en principe, d’un appui et d’une assistance dans la création et l’innovation notamment.
Au niveau du marché local, l’Etat, à travers l’Office national de l’Artisanat (ONA), encourage les artisans et les entreprises artisanales à la participation aux différentes manifestations organisées par l’ONA ou par d’autres organismes. L’objectif est de promouvoir les objets fabriqués en prospectant les marchés potentiels. La Foire de la poterie de Gallala et celle de Nabeul consacrées à la céramique – sans compter le Salon national de l’Artisanat – constituent déjà une vitrine pour exposer ces produits authentiques et de qualité.D’autres foires sont organisées  dans les différentes régions intérieures. Les manifestations culturelles, touristiques et les grandes conférences nationales ou internationales sont, de même, une opportunité pour exposer ces produits et les faire connaître à une importante catégorie de personnes, tunisiennes et étrangères.

La création de cités artisanales dans toutes les régions permettrait de regrouper les artisans et faciliter l’approvisionnement en matières premières et intrants et la commercialisation des produits. Un réseau d’artisans en objets de céramique pourrait ainsi promouvoir un secteur aux fortes potentialités. A noter, cependant, qu’une cité pilote a été aménagée à Den Den en 2005, suivie par d’autres cités similaires dont une au Kef. L’objectif consiste, par ailleurs, à encourager les promoteurs à créer des groupements (consortiums) dans les activités de la céramique pour être plus forts sur le marché national et international et pouvoir faire face à la compétitivité.

Vitrine de l’artisanat tunisien

Sur le plan international, les actions de prospection de certains marchés jugés porteurs visent à augmenter les ventes des produits tunisiens à large échelle. Les marchés allemand, américain et des pays du Golfe sont considérés comme prometteurs. Des artisans et entreprises artisanales sont déjà accompagnés et encouragés à prendre part aux manifestations internationales. Les entreprises artisanales et celles relevant du secteur de l’industrie ne doivent pas se concurrencer mais se compléter car elles n’ont pas les mêmes armes pour s’affronter. Des actions de partenariat sont possibles dans ce cadre.
Des programmes ont été appliqués en vue d’aider les entreprises dans les opérations d’exportation. L’appui peut concerner une opération ponctuelle ou une stratégie durable. C’est dans ce cadre, d’ailleurs, qu’un guide des entreprises artisanales exportatrices a été édité par le Centre de promotion des exportations (CEPEX). Il comporte une liste 385 entreprises dont 53 en poterie et autres produits de céramique.  Il s’est avéré, toutefois, que sur 532 entreprises artisanales, 46 sont actives dans la fabrication des produits de la céramique d’art et 49 dans la poterie soit 95 entreprises spécialisées dans les produits de poterie et céramique.  Plusieurs de ces entreprises ont leurs sites internet ou portails pour commercialiser ces produits du terroir.
D’autres sites Internet, initiés par des structures administratives ou par des associations ou organisations non gouvernementales contiennent des adresses d’entreprises artisanales ou des artisans indépendants pour les aider à mieux promouvoir leurs produits et développer leur vente.  L’ONA en collaboration avec les structures concernées assure le suivi des exportations des produits céramiques, et ce, pour la mise à jour, de façon régulière, de la liste de produits selon la nomenclature en vigueur ainsi que les quantités et les valeurs des opérations d’exportation.  Quant aux exportations dites indirectes (achats par des touristes lors de leur séjour en Tunisie) le chiffre d’affaires des entreprises est amélioré notamment pendant la haute saison, lors de la venue massive des touristes et des Tunisiens établis à l’étranger. Plus le nombre de touristes est grand, plus les entreprises gagnent de l’argent.

 Lapresse.tn

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